Accueil

Vivre ce n’est pas vivre
la gorge nouée face au miroir,
sur le plancher des vaches
enceintes poussées vers l’abattoir

Vivre ce n’est pas comme
avoir toutes les nuits été rêvé
par l’immanence des oracles,
par une pucelle aux yeux délavés

J’étais né au pivot de l’automne
pour me baigner dans la fange salutaire
de l’amour et de l’amitié, puis vieillir
avec les refuzniks de tout inventaire

Me voilà nu sur le toit, un pinceau de lune
titille mon âme désossée,
ma verge témoin des joyeux naufrages,
mourir ne sera pas ma dernière pensée

              

Dire un poème c’est aussi dire
le creux de la vague, la mer posthume
qui, à peine née, prodigieusement se retire
pour n’avoir pas à jouir des quatre vérités
dont se repaissent la vie et son écume

*

J’ai adopté et couvé ce mot : cosmopolite,
« o » sangsuel des suprêmes osmoses,
l’hospitalité offerte au pagure cénobite,
la pensée qui jusqu’au bout de l’infini
peut comme un roseau ronger son os

 * 

Eux encore au chaud dans le placard de l’enfance
laissez-les croire à l’essor des mots, aux nuques
que ne traverse pas la frayeur, une balle
perdue, laissez-les croire au pardon des offenses
dans la BD de Matthieu et de Luc

 * 

Plus personne à qui réclamer les trésors
jamais dilapidés, la noirceur des corbeaux
de papier, ô braderie d’un âge réfractaire
à l’art flamboyant de la mise au tombeau
et aux bacchanales de l’inventaire

 


Plan du site                    Copyright © Henri Abril (lire ici)                       Liens & Blog